Ah, l'encre violette... ben, nous, fallait la fabriquer (ben, toujours en retard d'une décennie, on était au fin fond du Berry gars !) avec de l'eau et des grosses pastilles qui mettaient un temps fou à se dissoudre, le tout dans une bouteille en verre où il y avait au bout un bec pour faciliter le versement... Puis, c'était la maîtresse qui remplissait les encriers en porcelaine situé dans un trou au coin droit de la table. Valait mieux en effet !
On avait pas le droit d'être gaucher... fallait rentrer dans le moule (à tous points de vue d'ailleurs !), et certains avaient bien du mal !
On devait porter un tablier qui recouvrait les bras et allait au-delà du genou (les filles avaient droit à la couleur, mais pour les garçons, c'était du gris).
Pour les toilettes, c'était sous un auvent appelé préau, où il y avait 2 portes peintes en vert (une allusion à la fraîcheur du coin sans doute !)... et pas de cuvette, mais un trou avec de chaque côté l'emplacement pour mettre ses deux pieds. La propreté laissait à désirer, fallait vraiment avoir envie d'y aller !!! La porte laissait un jour de 20 cm en bas et en haut, il suffisait de tendre le bras pour toucher le haut de la porte. Alors, je vous dis pas quels tours pendables on pouvait faire ! C'était dans ces moments-là qu'on appréciait d'avoir une bonne copine pour surveiller la porte quand on se trouvait à l'intérieur... il s'en est créé des amitiés solides rien que pour se faire tenir la porte des toilettes ! Fallait vraiment pouvoir se faire confiance. Par contre ce que nous ne trouvions pas juste, c'est que les toilettes des maîtresses était dans le couloir qui menait aux 3 classes... des belles toilettes avec cuvette, et surtout toujours propres et bien au chaud l'hiver.
Ben oui, y-avait 3 classes de la maternelle à la classe du certificat d'études... et donc plusieurs niveaux par classe, enfin, chaque rangée était un niveau différent... une pagaille pour bosser avec certaines instits qui étaient incapables d'autorité... faut dire qu'avec certains élèves, elles avaient bien du mérite
Les garçons étaient dans le bâtiment à côté, logés à la même enseigne... et leur cour n'était séparée de la nôtre que par un fin grillage pas vraiment hermétique !!! Nous avions donc des intrusions d'un côté comme de l'autre.
Mais, le Directeur de l'école des garçons avait vu très tôt l'avantage de mélanger garçons et filles, et le jeudi matin, nous avions des cours communs pour un même niveau, en CM2 (pour l'examen d'entrée en 6ème obligatoire) puis en classe de certificat d'études... et cela dans l'école des garçons. Ce Directeur avait une poigne d'enfer, dans sa classe, on n'aurait jamais osé respirer trop fort... on y entendait une mouche voler
Et c'était sa femme qui était la Directrice de l'école des filles. Tous les deux faisaient les grandes classes du CM2 au certificat d'études.
Y-avait pas de cantine, on rentrait chez soi le midi... et pour ceux qui habitaient trop loin, ils pouvaient apporter leur gamelle qu'ils mangeaient dans une classe avec la maîtresse.
Y-avait pas de ramassage scolaire, fallait que les parents se débrouillent... qu'est-ce qu'on a pu faire comme marche à pieds, et très tôt enfourcher nos vélos
Alors, l'école buissonnière... sur le chemin de l'école, je vous dis pas... on rentrait... crottés, les joues rouges, les poches pleines des cerises des voisins... je vous le dis, c'était vraiment le bon temps !