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Vodka

MessagePosté: Lundi 16 Janvier 2023 12:03
par Esperance
gillesS(Gilgio) a écrit:Quel amour, en effet. Très certainement universel, on le sent dans le texte.
Je l'ai lu en entier il y a environ une heure, et j'ai eu besoin de le relire encore il y a quelques minutes, pas en entier cette fois, pour y retrouver quelques passages qui me restent en tête.
Les soins si attentionnés, le temps prodigue, puis le dernier moment, puis l'hommage si sensible...

Est-ce que Vodka commençait à remonter la pente quand la vétérinaire est venue? Je ne le sens pas comme ça.
Chaque stress physiologique est délétère pour les néphrons restants, et l'incontinence montrait à la fin qu'on était au bout du bout. Ce problème de la patte et des antibiotiques nécessaires aurait conduit à une dégradation certainement peu supportable, et à une fin à courte échéance de toute façon.

Vodka a eu un surplus inespéré de temps d'amour, elle en a bu tout ce qu'elle pouvait. La chatte que j'ai vue mourir du cancer cet été ne pouvait plus recevoir l'amour que je lui donnais et dont elle s'abreuvait: elle s'enfuyait à ma vue les derniers jours. Je n'ai pas pu la faire euthanasier quand il était encore temps. Vodka est partie quand elle pouvait encore boire: elle est partie abreuvée de ce sentiment. Elle a pu faire confiance jusqu'au bout: Espérance, vous n'avez pas failli par faiblesse (et cela, vous auriez pu vous le reprocher. )

La vétérinaire a forcément senti à quel point Vodka comptait pour vous et vos enfants. En professionnelle sensible, elle a voulu répondre sans le savoir au prénom que vous vous êtes choisie sur les forums, et vérifier que vous n'aviez pas besoin d'une perche pour revenir en arrière (vous le dites, d'ailleurs).
Elle s'est rassurée en vous disant qu'elle "sentait" que votre décision était prise.
C'est une chance de tomber sur une vétérinaire dotée d'une telle qualité humaine.

Ce qui vous trouble, c'est qu'à ce que vous sentiez comme juste s'ajoutaient des nécessités pratiques. Vous pensez qu'elles vous ont influencé.
Je pense qu'elles vous ont influencé, en effet, mais juste ce qu'il fallait pour vous préserver de l'absence de décision, comme un catalyseur insuffisant mais nécessaire.

Nous ne voulons pas vous consoler à tort ou par légèreté, mais je me joins aux autres avis: le moment que vous avez décidé était vraiment le bon, certainement pas trop tôt, mais pas trop tard non plus.

Moi aussi je vous remercie infiniment pour ce que ce récit m'apporte.


Je réponds à votre message mais cette réponse peut aussi aider toute personne qui aurait vécu ou vivrait ces situations.

Je suis sincèrement navrée que vous ayez eu à traverser cette épreuve avec votre chatte. Je crois que quelle que soit la décision que nous prenons il reste un goût amer car, nous nous demandons si nous n'aurions pas dû suivre l'autre chemin. Attendre un peu plus avec l'espoir d'une amélioration, parce que nous voulons leur donner un peu plus de temps de leur vie de chat. Ou engager le processus qui écourtera irrémédiablement cette petite vie et la relation que nous entretenons avec elle.

Peut-être que Vodka aurait remonté la pente mais je me dis que ça aurait été sûrement celle d'une petite bosse sur la route caillouteuse qu'était devenue sa vie. Les hauts et les bas quand ils se succèdent aussi rapidement deviennent éprouvants moralement. Vodka et moi avons vécu trois semaines de montagnes russes au début de cette aventure, et nous les avons vécues à nouveau à la fin. Nous n'avions plus les mêmes forces pour lutter.

Les frais vétérinaires sont un poids conséquent, et l'état, qui semble de toute façon avoir de moins en moins nos intérêts en tête, se goinfre avec une TVA de 20% sur chaque consultation, sur chaque soin, sur chaque produit, nécessaires à la survie d'un animal malade que nous aimons et tentons d'accompagner au mieux.
On pourrait me rétorquer qu'il est possible de contracter une mutuelle mais c'est une solution qui n'en ait pas une économiquement dans la plupart des situations, surtout quand on a plusieurs chats et qu'ils restent en appartement. Entre le coût de la mutuelle et celui des différents vaccins imposés par l'assureur tous les ans (après vérification ce n'est pas le cas pour tous), la franchise annuelle, et le taux de remboursement partiel... j'ai préféré mettre de côté pour faire face.
Dépenser plus pour Vodka si elle avait eu une maladie soignable pour lui donner plusieurs belles années sans subir une maladie grave aurait eu du sens. Dans le cas d'une maladie chronique où l'espérance de vie donnée est de quelques mois, des questions se posent inévitablement à un moment.
Reste que j'aurais aimé ne pas avoir le poids de cette équation alors que ma puce avait besoin de contrôles réguliers.

Mais je sais aussi que si j'ai pris cette décision d'annuler le rendez-vous du 29 décembre c'est parce que je voulais éviter ces voyages, ces manipulations, ces prises de sang, etc. Le fait qu'à la Grande Clinique ils emmènent les animaux dans une autre salle pour faire les examens a joué aussi sur ma décision. Lors du rendez-vous de contrôle du 23 décembre, j'ai demandé à ce que tout soit fait dans la salle de consultation et j'ai eu l'impression que ça les ennuyait. Pourquoi imposer à tous les animaux d'être séparés de leurs humains pour vivre ces examens ? Peut-être que certaines personnes préfèrent que ça soit ainsi, ce n'est pas mon cas. Surtout quand il s'agit d'animaux stressés par la présence d'étrangers. Et surtout également quand ils ont vécu des hospitalisations après avoir parcouru le même couloir.

Des "Et si" il y en a toujours à partir du moment où il faut choisir un chemin parmi plusieurs.
Il n'y en pas pour ce fameux jeudi où j'ai dû prendre la décision de laisser Vodka partir tant elle paraissait mal.
Mais je m'en pose d'autres à propos du parcours que j'ai choisi pour elle parce que je me suis laissée happer par la tendance qu'on a à se reposer sur des professionnels dans ces moments-là.
Quand j'ai constaté que sa patte était enflée, j'ai hésité. Où l'emmener ? Une petite voix, tenue, me soufflait que la vétérinaire homéopathe était la bonne option. Mais j'ai penché pour ceux qui avaient le dossier le plus complet sur l'historique médical de Vodka. Pour ceux qui feraient se succéder des visages de vétérinaires inconnus, ce qui ajoutera à mon désarroi.
Sa vétérinaire à la Grande Clinique était vraiment très bien. Et après toutes ces visites de contrôle, et ces mois de suivi, je m'étais imaginé que nous accompagnerions ma puce toutes les deux jusqu'au bout parce qu'elle était la mieux placée pour savoir le faire en choisissant les meilleures options et en sachant à quel point nous étions engagés pour les soins de Vodka.
Je rêvais d'un autre monde.

Comme je l'ai écrit dans mon hommage, j'ai beaucoup appris grâce à ma puce.
Mes chattes seront maintenant suivies dans une petite clinique où la valse de jeunes vétos n'existe pas.
Les maîtres des chats et des chiens n'ont pas seulement besoin de soins de qualité pour traverser du mieux possible les épreuves de problèmes de santé de leurs compagnons à poils, ils ont tout aussi besoin de relations humaines de qualité entre leur vétérinaire et eux mêmes. Ces relations de qualité sont difficiles à trouver dans les cliniques qui tournent comme des usines et où la vétérinaire habituelle n'est pas disponible avant un mois.
Je me suis sentie très seule à la fin dans la Grande Clinique en face de tous ces visages que je ne connaissais pas.

Je risque d'écrire encore quelques romans. C'est ce qui m'apaise le mieux, surtout les matins au réveil.
Les matins sont les plus difficiles.
Ils marquent le début d'une nouvelle journée sans la petite absente.

Vodka

MessagePosté: Lundi 16 Janvier 2023 13:06
par LiliDG
Oui, merci. merci d'écrire tout ça, tout ce que nous vivons avec nos chats (nos chiens...) depuis que le métier de vétérinaire, comme tant d'autres, est devenu si... différent.
J'habite en campagne, près d'un village normand. Depuis mon arrivée en 2005, j'ai eu comme compagnons 2 chiens et 7 chats.
J'ai "fait" 7 cabinets vétérinaires (jussqu'à 80 kilomètres de chez moi - je n'ai pas de voiture, des amies se sont dévouées...) et une grande clinique - où j'avais rendez-vous avec une vétérinaire homéopathe, et où c'est une autre qui m'a reçue, sans me dire qu'elle n'était pas cette personne...

Mes impressions, mes sentiments, sont les mêmes que les vôtres.
J'ai pu sauver 2 chats en changeant de vétérinaire.
Les deux chiens ont été "mal" suivis en fin de vie, aussi bien par les vétérinaires que par une ostéopathe débordée.
L'une de mes chattes, comme je l'ai déjà dit, n'a même pas eu droit à une euthanasie et a dû subir une longue agonie.

Il me reste 4 chats, dont un qui va sur ses 14 ans et maigrit depuis quelque temps... et un autre, qui a 8 ans mais est positif au Fiv (sans symptômes pour le moment).
Franchement, je ne sais plus où aller pour eux, pour qu'ils soient suivis de façon sérieuse, et (peut-on encore rêver ?) empathiqe...

Vodka

MessagePosté: Lundi 16 Janvier 2023 19:17
par Esperance
@LiliDG
Incroyable. Il y a quand même une différence entre un vétérinaire homéopathe et un vétérinaire allopathe. C'est vraiment un manque de respect que d'agir ainsi.
Le vétérinaire qui a sauvé vos deux chats n'exerce plus ?

Je ne vais pas m'étaler ici sur le sujet mais il faut savoir que de plus en plus de sociétés rachètent des cliniques vétérinaires, y compris des sociétés appartenant à des groupes qui vendent aussi de la nourriture pour les animaux de compagnie . Pour le moment il y a des bras de fer en France pour endiguer ça, mais pour combien de temps ?
C'est aussi ce à quoi je pensais en écrivant que nous devons redevenir des humains responsables et prendre sur notre temps pour apprendre et s'informer. Nous avons le devoir de ne plus être simplement des suiveurs résignés.

Aujourd'hui, au travail, je n'ai pas arrêté de penser à Vodka et à ses derniers jours.
L'image qui me revient en tête souvent est celle de ce vendredi matin quand elle a sauté sur le meuble de l'entrée. Elle était alerte, elle venait de manger un peu de pâtée arrosée de sauce. Et puis j'ai vu sa patte enflée et j'ai paniqué.
Pour contrebalancer ça, je me force à me rappeler que les choses se dégradaient depuis fin novembre, mais le choix de la dernière hospitalisation et de lui avoir donné, sans le savoir, un antidouleur aussi fort sont des plaies qui vont prendre du temps à cicatriser.

J'ai le droit d'être triste mais je fais en sorte de ne pas laisser dériver mon chagrin comme un bateau sans amarre.

Vodka

MessagePosté: Lundi 16 Janvier 2023 21:23
par LiliDG
Esperance a écrit:@LiliDG
Incroyable. Il y a quand même une différence entre un vétérinaire homéopathe et un vétérinaire allopathe. C'est vraiment un manque de respect que d'agir ainsi.
Le vétérinaire qui a sauvé vos deux chats n'exerce plus ?


Ils avaient "délégué" une vétérinaire naturopathe - et puis on n'est pas à l'aise quand on vient chercher une dernière raison d'espérer - donc ça ne m'a posé vraiment question que quand j'ai vu son nom sur l'ordonnance... :?

Deux vétérinaires différents pour mes deux chats... ils ont posé le bon diagnostic, à la différence des précédents, ce qui m'a permis de les soigner - à ma manière : je n'ai pas suivi le traitement standard antibio / cortisone prescrit. Oui, on apprend sur le Net, peu à peu, en évitant les sites péremptoires et et les gens présomptueux ! :wink: ... et puis on apprend des maladies de nos précédents animaux, ceux pour lesquels on regrette de n'avoir pas été au top en leur temps... mais on ne l'est jamais, hélas !
Il m'est arrivé de voir 3 vétérinaires dans le même mois pour le même chat en fin de vie... et puis à la longue, on les protège et on se protège aussi des cabinets vétérinaires qui ne pensent souvent qu'au tiroir-caisse !

Oui, le rachat des cliniques, ça s'emballe de plus en plus par chez moi... et puis, les études vétérinaires (en particulier sur l'alimentation) sont sponsorisées par les vendeurs de croquettes. Ce sont même souvent des gens de chez eux qui donnent ces cours ! :? C'est désespérant.

C'est difficile de toujours être vigilant face à tout ça... surtout quand on est en état de faiblesse parce que cet animal qu'on aime va bientôt mourir.

Vodka

MessagePosté: Mardi 17 Janvier 2023 8:04
par Esperance
Quand Mousse et Vodka sont arrivées à maison au printemps 2012, je leur ai donné des croquettes parce qu'on pouvait lire en long et en large qu'un chat se nourrissait plusieurs fois par jour dans son milieu naturel, qu'il préférait les petites portions (jusqu'à 17 par jour si mes souvenirs sont bons), et que lui donner à manger deux fois par jour faisait qu'il se goinfrait trop. Donc il était plus sain de laisser de la nourriture à la demande et que les croquettes est une bonne solution, selon ses textes. Et comme les croquettes c'étaient pratique et facile, je n'ai pas été chercher plus loin. C'est là le piège dans lequel je ne tombe plus facilement. L'humain est pas nature un peu feignant et son cerveau préférera le plus souvent les solutions les plus faciles. Le pratique et facile séduit notre subconscient.
Je sais maintenant qu'une partie des études scientifiques sont faites de manières à devenir des outils de communication pour influencer les comportements. Quand des articles de blogs ou de sites répètent comme des perroquets les mêmes arguments, je cherche l'étude à l'origine de cette information. Et ensuite je la lis et je regarde qui l'a financée.

Comme je l'ai déjà écrit, mon vieux Titi ne mangeait que de la pâtée. Un gamelle le matin et une gamelle le soir. Ça n'a jamais eu l'air de le déranger. A l'époque on donnait pratiquement tous de la pâtée aux chats et aux chiens. Je pense que c'était du bon sens, ce bon sens populaire qui s'est perdu à force d'être bombardés d'informations de toutes sortes. Le chat et le chien mangeaient de la viande donc, ils ne sont pas faits pour ingérer des trucs durs et secs toute leur vie. C'est ce que nous nous disions et nous n'allions pas chercher plus loin.
Nous devons retrouver notre bon sens populaire.

Mousse est passée volontiers à la pâtée quand j'ai changé l'alimentation de Vodka.
Ma puce nous a sortis du facile et pratique, dans ce domaine, en déclarant sa maladie.


Il pleut depuis plusieurs jours. C'est comme si le ciel était à l'unisson.

Vodka

MessagePosté: Mardi 17 Janvier 2023 11:19
par Esperance
Le plus difficile c'est qu'on aimerait continuer à parler ou écrire à propos de tout ça. Encore pour un moment.
Continuer à décharger ce qu'on a sur le cœur qui est tellement gros.
Je sens bien que les gens sont démunis face à ça, ou sont déjà passés à autre chose. Mais extérioriser son chagrin permet de l'alléger. Et ce sentiment que je ressens se trouve conforté par un texte que j'ai trouvé tout à l'heure.
Cela concerne le deuil pour des humains disparus, mais certains conseils sont pertinents aussi quand il s'agit de compagnons à pois avec qui nous avons partagé de longues années.

LES FAUSSES IDÉES SUR LE DEUIL

La méconnaissance du processus de deuil entraîne tout un cortège d’idées fausses et d’injonctions sociales irréalistes, qui sont toxiques et invalidantes pour les personnes endeuillées qui les reçoivent.
Nous vous présentons ici une sélection de ces nombreux présupposés, avec en fin d’article, le rectificatif qui s’impose pour rappeler ce qu’est réellement le vécu du deuil, ses étapes, son intensité et sa durée…

« Il est malsain de répéter et de raconter ce qui est arrivé. »

« Il ne faut pas montrer ses émotions, c’est déplacé (surtout pour un homme !). »

« Il n’y a que les personnes fragiles ou psychologiquement faibles qui sont affectées par le deuil. Il faut “être fort” et serrer les dents sans se complaire dans sa souffrance ! Un peu de dignité que diable ! Le vécu du deuil est une question de personnalité et de force de caractère. »

« Trop parler de la personne décédée est néfaste et morbide. Il faut évacuer au plus vite son souvenir et passer à autre chose : la vie continue ! »

« Il est malsain d’avoir toutes ces photos au mur. »

« Il est morbide et malsain de garder ses pensées tournées vers le défunt. »

« Arrête ! Il est malsain de revenir sans cesse sur des souvenirs aussi douloureux. C’est se complaire dans son malheur, il faut se tourner vers l’avenir. »

« Il est préférable de faire son deuil seul, sans importuner ses proches avec ses soucis. Il faut les “respecter”. C’est une question de bonne éducation. »

« Les rituels de deuil sont des pratiques désuètes et complètement inutiles. »

« Les jeunes enfants ne comprennent rien à la mort. Autant ne rien leur dire. »

« La douleur va progressivement s’atténuer au fil du temps. Il n’y a rien à faire d’autre que d’attendre que ça passe. »

« Ne t’en fais pas, avec le temps, on finit par oublier. »

« Ton deuil va durer quelques mois, grand maximum un an, au-delà c’est pathologique ! »

« Il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie. »

« Ne pas parler du défunt car cela faire de mal à la personne endeuillée »

« Il est mort (elle est morte), je n’ai pas le droit d’être heureux(se). »


TOUTES LES CITATIONS QUI PRÉCÉDENT REPOSENT SUR DES IDÉES FAUSSES, VOUS POUVEZ LES METTRE AUX OUBLIETTES !
Lisez et relisez les repères qui suivent, ils vous aideront à rétablir la vision juste de ce qu’est réellement le deuil :


    - La répétition en boucle est saine, elle est nécessaire à l’intégration psychologique et émotionnelle de la perte de l’être aimé.
    - Le deuil a un temps et des étapes incompressibles qui ne peuvent être contrôlées par la raison et la volonté.
    - Aller au cimetière, mettre des photos au mur, etc. Ces rituels ont une véritable fonction thérapeutique. Cela fait partie des quatre tâches du travail de deuil.
    - Le deuil peut durer des années. (là je pense qu'il vaut mieux éviter ça surtout lorsqu'il s'agit d'un animal de compagnie)
    - Le deuil est un processus essentiellement émotionnel, il est absolument essentiel d’exprimer ses émotions pour le bon déroulement du deuil, ce n’est aucunement faire preuve de faiblesse.
    - Parler du défunt à la personne en deuil est très bénéfique pour elle, elle craint tant qu’on oublie l’être disparu. Se manifester aux dates anniversaires même des années après le décès est tout aussi salutaire.
    - Il n’y a pas à faire bonne figure en société quand tout est dévasté en soi.
    - Un deuil accompagné par des proches ou des bénévoles aidants se déroule de façon beaucoup plus harmonieuse.
    - Les enfants comprennent très bien le deuil, il est important de les intégrer aux rituels collectifs des funérailles, de leur expliquer ce qui se passe.
    - Il y a un « travail » (conscient et volontaire) du deuil à entreprendre pour accompagner et soutenir le « processus » naturel de deuil
    - On n’oublie pas l’être aimé quand le deuil est accompli. On est à jamais en lien avec lui.

(1) Cette liste est inspirée des idées fausses décrites par Christophe Fauré dans son ouvrage Vivre le deuil au jour le jour, éditions Albin Michel, nouvelle édition revue et corrigée 2018.



Alors je vais continuer à faire vivre ce fil tant que j'en aurais besoin. L'écriture a toujours été bénéfique pour m'aider dans la vie.
Cela me permet d'affronter la journée l'esprit un peu plus allégé.
Et si d'autres personnes veulent coucher ici leurs peines, leurs souvenirs et leurs doutes. Elles sont les bienvenues.

Je me suis apaisée en partie en écrivant l'hommage de Vodka, mais les matins au réveil sont vraiment très difficiles.
Je me souviens que son dernier contrôle était au top (octobre).
Je me souviens que quand j'ai commencé en partie à reprendre le travail sur place, début octobre, je me suis inquiétée car elle ne mangeait que quand je lui présentai sa gamelle, ce qui veut dire qu'elle ne mangerait pas les après-midi.
Le premier soir où je suis rentrée du boulot, quand j'ai vu qu'elle n'avait pas touché à sa pâtée dans la gamelle SureFeed, je me suis dit : "Elle va mourir ma petite puce". C'est à partir de là qu'une inquiétude sourde m'a étreinte à nouveau et ne m'a plus vraiment quitté. J'ai commencé en fait à me sentir démunie.
Elle a perdu du poids graduellement et c'est sûrement ça qui a fait augmenter ses taux. La fonte musculaire a un impact sur les taux de créatinine et d'urée. J'ai hésité à louer une balance pour bébé à la pharmacie, puis je me suis dis que ça serait tomber dans l'excès. La rationalité est un atout et un fardeau à la fois.
Et ensuite en novembre, il m'a fallu jongler avec les perfusions qui devenaient un peu plus compliquées à faire. Peut-être parce que la montré de l'urée commençait à être inconfortables pour elle.
J'essayais aussi de préserver mon fils dont la vie était maintenant ponctuée par ces perfusions. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise quand je frappais à sa porte pour lui dire "tu es prêt pour faire la perf à Vodka ?". J'étais partagée entre deux amours, et celui que je porte à mes enfants est évidemment infiniment plus grand.

Vodka

MessagePosté: Mardi 14 Février 2023 12:43
par Esperance
Bonjour à toutes

Voilà un mois que ma petite Vodka est morte.
La douleur s’est apaisée mais elle me manque bien sûr terriblement.
J’ai été bien entourée et ça, ça été un plus pour affronter cette épreuve.

Les trois premières semaines ont été les plus difficiles. Ça n’aurait pu être que les 15 premiers jours mais au début de la troisième semaine il s’est passé quelque chose qui m’a à nouveau tirée vers le bas. En relatant tout ce qui s’était passé à quelqu’un, je suis arrivée au moment où je racontais l’état de Vodka quand je l’ai récupérée après sa dernière hospitalisation et à la phrase « son poil était tout rêche le lendemain ». Et là ça m’a heurtée comme un train de marchandise. Son poil a toujours été très doux et il l’était encore plus depuis qu’on faisait les perfusions sous cutanées. Si elle avait le poil rêche ce jour-là alors ça voulait dire qu’elle n’avait pas été hydratée correctement lors de l’hospitalisation, et donc que les taux ne risquaient pas de descendre.
Comme j’ai tout écrit ici ou ailleurs, c’est facile de démêler les faux souvenirs et les vrais.
Des fois je me dis que ça aiderait peut-être si j’écrivais une lettre à sa vétérinaire habituelle, et des fois je me dis que ça ne servira à rien.

Quelques mots supplémentaires pour l’hommage à Vodka.
La plupart de mes poignées de porte sont à la verticale car elle savait les ouvrir. Elle se précipitait pour venir sur mes genoux quand je tendais les bras et que j’agitais les doigts. C’était un chien chat qui me suivait un peu partout dans la maison. Il me suffisait de tapoter à côté de moi quand j’étais assise sur le canapé pour qu’elle vienne chercher des câlins. Interdiction formelle de fermer la porte des toilettes, elle se précipitait à fond de train pour venir se caler sur les genoux ou réclamer des caresses en arquant le dos. Je devais nettoyer régulièrement les côtés de la télévision où elle venait frotter ses joues. Elle caquetait quand, installée sur l’arbre à chat, elle voyait des oiseaux dans les branches. Elle s’installait parfois sur moi quand je dormais et venait me réveiller en frottant sa tête sur mon visage. Elle se précipitait dès que mon fils arrivait pour avoir une grosse ration de caresses. Elle connaissait le bruit du moteur de la voiture.
Son spot préféré quand je rentrais du travail était le meuble de l’entrée, elle m’y attendait. Quand je lisais le soir, elle s’installait sous la tente formée par mes genoux relevés.
Si j’étais dans une pièce où les chattes ne vont pas, elle attendait derrière la porte.
Elle ronronnait même lorsque je m’installais près d’elle sans la toucher, juste parce que je lui parlais ou lui chuchotais. Elle l’a fait jusqu’au dernier jour.
J’ai perdu tout ça quand Vodka s’est éteinte.

On aime tout nos chats, mais certains traversent nos vies en enfonçant profondément leurs doux coussinets dans nos cœurs. Vodka faisait partie des chats qui sont la petite âme d’un foyer.

Vodka

MessagePosté: Mardi 14 Février 2023 17:08
par LiliDG
:coeur:

Vodka

MessagePosté: Mardi 14 Février 2023 19:00
par noubette
Esperance a écrit: Les trois premières semaines ont été les plus difficiles. Ça n’aurait pu être que les 15 premiers jours mais au début de la troisième semaine il s’est passé quelque chose qui m’a à nouveau tirée vers le bas.

cela se reproduira certainement
une image, une phrase, une situation ... et hop, le souvenir revient, avec son lot de "et si" et on re déroule tout

Esperance a écrit:Des fois je me dis que ça aiderait peut-être si j’écrivais une lettre à sa vétérinaire habituelle, et des fois je me dis que ça ne servira à rien.

l'écriture a l'air de vous faire du bien, écrivez-la cette lettre, mais ne l'envoyez pas forcément

Vodka

MessagePosté: Mardi 14 Février 2023 20:08
par Esperance
noubette a écrit:cela se reproduira certainement
une image, une phrase, une situation ... et hop, le souvenir revient, avec son lot de "et si" et on re déroule tout

C'est ce qui est arrivé samedi dernier.
J'ai coupé et mangé tranquillement une première tranche de brioche, puis quand je me suis retrouvée avec la deuxième tranche dans la main j'ai su ce qu'il manquait : Vodka venant réclamer un petit morceau de cette douceur.
Je lui donnais l'équivalent de deux grains de riz à cause du sucre. Elle adorait les viennoiseries.
Un jour, il y a longtemps, elle m'a mangé les deux petits bouts d'un croissant que j'avais préparé sur la table. :)

noubette a écrit:l'écriture a l'air de vous faire du bien, écrivez-la cette lettre, mais ne l'envoyez pas forcément

C'est une bonne idée. Je vais y songer.
La lettre c'était aussi pour sensibiliser par rapport aux prochaines boules de poils qui passeront par ce jeune vétérinaire.