par Jeannine » Jeudi 03 Octobre 2013 10:36
Bonjour,
Je sais que bien des gens ne comprennent pas cet instinct maternel (ou paternel) que nous pouvons éprouver envers un animal, une boule de poils !
Ma propre mère n’aime pas les animaux quels qu’ils soient. Chaque fois que je lui parlais de mes chats, je sentais que je l’agaçais. Mais, au fil des années, j’ai enfoncé le clou, doucement mais surement. Quand Sammy a été gravement malade, j’ai été surprise qu’elle me demande de ses nouvelles… chose qu’elle n’avait jamais faite pour notre chat précédent, Ludwig. Quand je lui ai appris qu’Armand et moi avions dû le faire euthanasier… elle a eu des mots gentils pour me réconforter… inimaginable ! Bien sûr, je ne lui ai pas parlé des frais occasionnés, elle n’aurait pas compris que nous ne comptions pas lorsqu’il s’agissait de la santé de notre matou… de nos matous ! Bon, elle n’aime toujours pas les animaux, mais, elle a enfin pris conscience que d’autres, dont sa propre fille, pouvaient les aimer… et surtout accepter d’en souffrir !
Pour bien des gens, c’est la même chose. Tu n’as pas à te sentir ridicule de parler de ton amour pour les chats, du drame que tu vis en ce moment… tout cela est humain. Parfois, en parler à ces personnes qui n’ont pas conscience de ce que tu vis… ça leur ouvre les yeux… elles s’interrogent… (un signe d’intelligence !)… cherchent à comprendre… (la partie est presque gagnée !)… elles découvrent qu’il y a un monde animal dont elles ignoraient tout ! Bon d’accord, il y a les irréductibles… là, mieux vaut les laisser de côté, et rester zen ! Elles passent à côté de quelque chose de merveilleux… tant pis pour elles !
Et puis, il y a ceux qui ont souffert à cause d’un animal au cours de leur vie… et qui ne veulent plus en entendre parler… ! Là encore, je vais te citer le cas de ma mère. Quand elle était jeune adolescente, son père avait un chien… son chien… d’une fidélité exemplaire… ce chien le suivait partout. Mais un jour mon grand-père est tombé malade… très gravement… son chien restait près de lui, comme s’il sentait que c’était la fin, et qu’il le veillait. Ma grand-mère le chassait… mais, ce brave toutou revenait plaintif… elle a fini par céder, et l’a laissé auprès de mon grand-père. Lorsqu’il est mort, son chien est mort avec lui peu de temps après… quelques semaines… il s’est laissé mourir de faim… sans doute, j’aime à le penser, pour rejoindre mon grand-père. Ma mère a très mal vécu cet épisode de sa vie… je n’ai jamais approfondi le sujet, mais je pense qu’il s’est produit en elle quelque chose, une rupture… c’est à partir de ce jour qu’elle a détesté les animaux. De nombreuses années plus tard, lorsque des amis ont donné un chat tout blanc à mes parents… seul mon père s’en occupait… j’étais née, et j’adorais ce chat. Mais un jour, alors que j’étais malade le médecin lui a dit d’éradiquer ce chat qui avait un mal au niveau de l’œil qui était susceptible de m’infecter. Alors, ma mère n’a pas hésité à le noyer dans la Charente… dans un sac de jute avec des pierres ! J’étais très jeune… par la suite, ma mère m’a révélée l’histoire de ce chat… mort à cause de moi… par ma faute ! Ensuite, il y a eu l’histoire bien triste de mon jeune minou tigré gris que j’ai retrouvé égorgé sur la neige devant le perron de mes parents… la fureur d’un voisin ? Je n’avais pas réussi à le faire rentrer dans le sous-sol la veille au soir. Pendant des années, je n’ai plus voulu entendre parler de chats, d’animaux… j’avais la poisse, je culpabilisais ! Des années plus tard, lorsque j’ai dû prendre en charge mes beaux-parents au sein de notre foyer, nous avons décidé de prendre un chat pour mémé qui les adorait… c’est ainsi qu’est arrivé Ludwig… un magnifique chat tout blanc et sourd qui m’a choisi immédiatement comme territoire ! Tout cela pour te dire que la souffrance consécutive à un animal peut faire des ravages auprès de certaines personnes… ce rejet est une forme de protection… attention de ne pas tomber dans ce piège !!! Si pendant des années j’en ai voulu à ma mère, j’ai fini moi aussi par comprendre le pourquoi des choses, ou du moins à m’en faire une idée… parfois, il y a des raisons qui expliquent pourquoi certaines personnes refusent de comprendre notre amour pour les chats ! A nous d’être patients, compréhensifs.
Quant à ta sœur, je comprends que tu ne veuilles pas lui causer des soucis supplémentaires… mais, si elle est comme toi amoureuse des matous, je suis convaincue qu’elle y pense et qu’elle se tracasse pour toi sans te le dire pour ne pas en rajouter. Entre sœur, on sent ces choses-là ! Essaie d’aborder le sujet en douceur… le reste viendra ! Il n’est pas bon de contenir sa peine !
Que tu culpabilises d’avoir opté pour l’euthanasie est normal… mais, sache que tu n’étais pas seule… le véto, un professionnel, était à tes côtés. Crois-tu qu’il aurait abrégé les souffrances de ta minette si cela n’avait pas été nécessaire ? Voulais-tu la voir souffrir davantage ? A un moment, il faut savoir dire « stop »… tu as eu ce courage de prendre, d’accepter cette difficile décision, tu n’as rien à te reprocher. Personnellement, pour mon chat Ludwig, je suis allée trop loin dans les soins… j’ai voulu faire de l’acharnement thérapeutique… je refusais de voir l’évidence… je suis consciente qu’il a souffert par ma faute… et, je dois vivre avec cela… Le véto a fini par me dire qu’il fallait vraiment abréger ses souffrances ! J’ai accepté… désespérée ! J’ai vécu ce drame comme une trahison envers mon Lulu… un gentil matou qui avait mis en moi, dès le 1er jour, toute sa confiance… et pourtant, je devais le faire, je devais accepter… et j’ai accepté ! Maintenant je dois assumer d’avoir été trop loin dans les soins. Pour Sammy, j’ai suivi le conseil du véto… j’ai accepté de dire « stop »… au meilleur moment, enfin, le moins pire… avant de franchir cette ligne invisible qui fait basculer dans cet acharnement thérapeutique qui ne sert à rien.
Le véto t’a-t-il expliqué ce qui se passait au niveau de ta minette au moment fatidique ? Elle s’est endormie doucement… elle ne souffrait plus ! Comment pourrait-elle t’en vouloir alors que tu as fait ce qui était le mieux pour elle ?
Oui, j’aime à penser qu’il y a un Paradis des chats… où tous nos matous se sont retrouvés ensemble, ils ne sont pas seuls, mais entre copains et copines… et là-bas, ils y font la fête ! Il faut accepter de les laisser partir… de là-bas, ils nous regardent et veille sur nous !
Il te reste de beaux souvenirs, des moments merveilleux… plus tard, tu pourras y faire allusion avec tendresse… et sûrement avec une petite larme à l’œil !
Courage… amitiés… Jeannine !