par bilboadeschatalans » Dimanche 06 Septembre 2009 16:06
Surdité du chat blanc
il se dit tout et son contraire sur l'audition des chats blancs. Il faut convenir que ce problème n’a pas réellement été étudié dans l’optique de l’élevage. En effet, si quelques chercheurs se sont intéressés à la surdité du chat blanc, c’est en tant que modèle pour l’étude d’une maladie humaine relativement proche associant dépigmentation cutanée, dépigmentation oculaire et surdité. Ces travaux sont anciens (1965 à 1984) mais il s’agit des seules données réellement scientifiques et surtout objectives existant sur ce problème. J’ai essayé d’en faire un résumé et d’en tirer ce qui peut être intéressant du point de vue de l’élevage, à savoir :
Une origine génétique
Il est démontré que l’allèle W, à l’origine de la couleur "blanc dominant", est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines.
La surdité est liée à la couleur blanche (gène "W"). Schématiquement, on peut dire que tout chat blanc est génétiquement sourd ! Heureusement, "la nature est bien faite" et l'anomalie, bien que présente au niveau génétique, ne s'exprime pas systématiquement chez tous les chats. Ainsi, soit la tare reste cachée et l’oreille se développe normalement, soit la tare se manifeste et dans ce cas la dégénérescence est complète : le chat est sourd comme un pot pour l’oreille atteinte.
Sachant qu'un chat a deux oreilles et que l'anomalie n'affecte pas forcement les deux oreilles de la même manière, trois cas se présentent : la surdité est bilatérale, unilatérale... ou absente.
Les conséquences pour le chat
La surdité ne pose problème que lorsqu’elle est bilatérale. L’atteinte unilatérale quant à elle passe complètement inaperçu au simple examen du chat (elle peut par contre être dépistée par des examens spécialisés). Il y a bien sur compensation partielle du handicap, compensation d’autant plus facile que le chat vit en milieu protégé (chat d’intérieur). Le chat sourd est plus attentif aux autres signaux. Il réagit particulièrement aux vibrations transmises par le sol ou l’air. Il est très attentif aux réactions de ses congénères, réactions qui l’alertent d’un bruit insolite qu’il ne perçoit pas.
Il est ainsi parfois difficile de déterminer si un chaton est sourd ou simplement placide, s’il entend ou s’il se contente d’imiter ses frères et sœurs, s’il perçoit des sons ou juste des vibrations.
La communication entre chats passe davantage par les canaux olfactifs (odeurs, phéromones) et visuels (marques de griffes, attitudes corporelles, etc.) que par les canaux auditifs. Un chat sourd ne se débrouille donc pas trop mal dans ses rapports avec les autres chats, qu’il s’agisse de compagnons, d’adversaires ou de ses rejetons. Par contre, la communication homme - chat est en grande partie "verbale". Vivre avec un animal sourd implique donc que l’homme modifie radicalement ses habitudes de communication.
Même si la surdité ne semble pas vécue comme un drame par le chat, il faut admettre qu’elle constitue un réel handicap (au même titre qu’une patte en moins) et qu’il est de bon ton pour un éleveur de ne pas cultiver ce genre de particularité... Pour ne pas dire qu'il convient bien sûr de tout faire pour éviter d'obtenir des chatons sourds !
II/ Les relations surdité / phénotype
Les chiffres avancés ci-dessous correspondent aux résultats expérimentaux obtenus par trois équipes indépendantes de chercheurs, travaillant sur trois "familles" différentes de chats blancs. Ils n’ont pas la prétention de refléter ce qui se passe dans les différents élevages.
A ce propos, il serait intéressant de pouvoir actualiser et compléter ces données expérimentales par des données "terrain", si possible race par race.
1/ Surdité et couleur des yeux
Les chats blancs peuvent être sourds quelle que soit leur couleur d’yeux.
Cependant, statistiquement, les chats blancs aux yeux bleus sont 2 fois plus souvent sourds que leurs collègues aux yeux vairons, eux-mêmes 2 fois plus souvent atteints que leurs homologues aux yeux colorés.
Parmi les blancs complètement sourds, 65% ont les deux yeux bleus.Dans 80% des cas une oreille sourde est associée à un oeil bleu.
Enfin, chez les chats aux yeux vairons, la surdité lorsqu’elle est unilatérale semble plus fréquente du coté de l’oeil bleu.
Malgré tout, un tiers des blancs aux yeux bleus entendent parfaitement.
2/ Surdité et présence d’une tache colorée
La présence d’une tache colorée sur la tête à la naissance est 4 fois plus fréquente chez les animaux non sourds, quelle que soit la couleur de leurs yeux.
Cependant un quart des chats blancs sourds naissent avec un spot sur la tête.
3/ Surdité et longueur du poil
Lorsque, au sein d’une même famille, les chats peuvent avoir le poil long ou court, 75% des sourds bilatéraux sont des animaux à poil long.
Les "poils courts" sont quatre fois moins souvent atteints que les "poils longs".
La surdité unilatérale est par contre équitablement répartie entre les deux groupes.
Bilan
Il existe bien des corrélations entre le phénotype (aspect extérieur) du chat et la surdité. Par contre, il n’existe pas de marqueur spécifique de la surdité.
Un chat à poil long ayant les deux yeux bleus et né sans tache a beaucoup plus de risques d’être sourd qu’un chat à poil court aux yeux colorés, né avec un spot.
Néanmoins, le premier peut très bien entendre parfaitement et le second être sourd comme un pot.
L’origine de cette association n’est pas claire. En effet, sur le plan génétique : la longueur de poil est indépendante de la couleur, la couleur bleue des yeux semble contrôlée par un gène distinct de W, la présence d’un spot ne dépend pas uniquement de l'allèle "W".