par opus111 » Mardi 08 Janvier 2013 23:51
Chopin est parti hier très brutalement : il a décidé de nous quitter par une belle après-midi de janvier, sans crier gare, sans un bruit... Nous l'avons trouvé allongé au soleil sur la terrasse. Trop immobile, les yeux ouverts.
Le matin même il réclamait comme à l'accoutumée ses croquettes. La veille, nous nous amusions de le voir jouer avec une plume de canard, la faisant sauter en l'air, courant comme un fou pour la rattraper...
Hier, nous l'avons enterré au fond du jardin.
Crise cardiaque ou rupture d'anévrysme ? Nous ne verrons plus ses beaux yeux verts nous regardant avec cette douceur insistante, nous ne caresserons plus sa fourrure chaude et soyeuse. Nous ne le chercherons plus dans toute la maison pour finalement le retrouver couché au fond d'un tiroir ou d'un placard.
Chopin avait un peu plus de 8 ans, c'était un chat heureux et affectueux, que j'avais patiemment apprivoisé alors qu'il avait 3 mois.
Il était né "dans la rue".
Je nourrissais sa mère depuis plusieurs mois, une chatte de gouttière craintive avec qui j'avais signé un pacte d'indépendance : je lui donnais à manger, mais elle conservait sa vie de rue. J'avais bien constaté au bout de quelques mois que son ventre avait un peu grossi... Et un beau jour, elle m'a amené ses 2 petits de quelques semaines. Avec eux, je n'avais pas l'intention de signer un contrat d'indépendance! J'avais bien décidé de les adopter, mais quelle patience m'a-t-il fallu ! Jour après jour, semaine après semaine, je tentais des approches, j'essayais toutes les ruses pour une caresse volée... rien n'y faisait, ils gardaient leur distance. Et puis, un matin, alors que je n'espérais plus, l'un d'eux est venu se frotter à mes jambes en miaulant doucement : un moment si inattendu, presque magique! Je me suis penchée, je l'ai caressé, éblouie par tant de confiance soudaine. Ce chaton intrépide, c'était Chopin, un adorable chaton de gouttière tigré et blanc. Je crois que son frère aussi s'est laissé approcher ce jour-là ! Ils avaient décidé qu'ils pouvaient m'accorder leur confiance, et leur tendresse par la même occasion. Voilà comment Chopin et son frère Pouchkine sont rentrés dans ma maison et dans ma vie. Il fallait voir l'amour fraternel qui unissait ces deux chats : je me rappelle leur jeux de poursuite et de "roulé-boulé", et leur sieste tendre, lovés l'un contre l'autre, se léchant mutuellement. Et puis un an après, Pouchkine a disparu. Nous sommes restés tous les deux seuls, Chopin et moi. Chopin ne connaissait que moi, pour ainsi dire. Tout être humain étranger le faisait fuir. C'était un petit sauvageon mais qui adorait les caresses, je crois qu'on aurait pu le caresser des heures durant sans qu'il s'en lasse.
Quelques années après, j'ai adopté une petite chatte "de bonne famille" : Chopin, brave minet, l'a très vite acceptée, après quelques grognements de protestation. Un peu plus tard encore, il a également accepté mon compagnon. Nous avons tous déménagé il y aura bientôt 3 ans, et je croyais que je verrai mon Chopin vieillir ici, dans notre maison. Nous n'avions pas encore fini le jardin, la pelouse devait être plantée et j'imaginais l'été prochain, Chopin couché à l'ombre de l'acacia sur l'herbe fraîche.
Mais il avait encore décidé de me surprendre...