Bonjour,
Je comprends très bien ce que vous traversez, j'ai plus ou moins le même problème : traumatismes psychologiques, passé de violences psychologiques et physiques, etc.
Je connais les problèmes de sur-attachement et de perte de patience. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai attendu cinq ans avant de reprendre un chat après la mort du précédent (que j'avais depuis petite).
J'ai envie de rester coller à Oboe toute la journée, mais elle n'est pas le type de chat qui aime rester sur les gens, pour une raison un peu surprenante : elle a peur de faire mal. Elle est très consciente de la fragilité de la peau humaine. Quand elle est arrivée, elle avait même peur de nous toucher. Même 8 mois après, elle ne monte sur moi que si je suis sous ma couette, ou que je l'attire sur mes genoux avec une friandise (et ça, il lui a fallu bien deux semaines d'entrainement quotidien avant qu'elle ne monte sans trop hésiter).
Du coup, si pour les caresses il n'y a aucun souci, pour les câlins, c'est compliqué, surtout qu'elle est mal à l'aise dans les bras (mais ça commence à venir).
Je suis hyper-sensible au langage corporel, du coup j'arrive à m'arrêter avant de trop l'embêter, mais c'est difficile...
En plus, je fais de l'anxiété de séparation vis-à-vis d'elle (oui, c'est le monde à l'envers
), alors que j'en ai jamais fais avec qui que ce soit.
A côté de ça, il y a ma mère, qui a à peu près les mêmes problèmes que moi, mais en moins intenses. Le souci, c'est qu'elle, elle ne sait pas s'arrêter et ne comprend pas le langage corporel du chat. Ça va à un point où, si ma mère était un chat, je soupçonnerais de l'autisme vu son absence de capacité à lire le langage corporel et le fait qu'elle utilise des signaux totalement inappropriés (pour ma mère, il n'y a pas de soucis à feuler en jouant...). Elle voulait un chat qui aime les câlins, et n'a pas pensé à demander l'avis du chat avant. Oboe s'est rapidement mise à l'éviter pour ne pas finir coincer dans ses bras, ou papouiller alors qu'elle était occupé à autre chose.
Mais du coup, c'est en train d'apprendre à ma mère à se contrôler et à utiliser les bons signaux lors du jeu. Maintenant qu'elle s'est calmée sur les câlins intempestifs, Oboe se laisse de nouveau approcher, voire vient d'elle-même chercher les caresses. Et quand ma mère commence à faire n'importe quoi avec son langage corporel ou son langage oral, elle la remet à sa place et arrête le jeu.
Mais oui, un animal, c'est une source d'attachement totalement sécure, ce que l'on n'a pas connu quand on a vécu des violences étant enfant. Du coup, on a très vite tendance à faire de l'hyper-attachement et à être collant. Mais les animaux savent très bien nous "éduquer"
Concernant la violence, ça m'arrive de perdre patience avec Oboe, surtout quand elle fait du bazar exprès pour me réveiller : miauler juste devant ma tête, essayer de passer sous le matelas près de moi, me faire tomber des trucs dessus depuis le haut de ma bibliothèque (voire elle-même me tomber dessus parce qu'elle a perdu l'équilibre en voulant faire tomber autre chose
), bref faire toutes les bêtises qu'elle ne fait jamais d'habitude... Le truc, c'est qu'elle fait ses bêtises puis part en courant pour lancer une partie de course-poursuite (jeu auquel on joue souvent, je cours et elle me poursuit, puis on inverse). Et du coup, ça m'est arrivé de la coincer par la peau du cou (sans secouer, juste pour l'attraper) pour l'engueuler, ou de la rattraper par le premier truc qui dépassait (aka la queue)... A 4h du matin, j'ai rarement la tête assez claire pour réfréner ce genre de mouvements...
Je m'en suis voulu, parce que je sais que ça ne sert à rien, et qu'en plus c'est ma faute si elle est excitée certains soirs : c'est quand je rentre plus tard que d'habitude des cours, et que je n'ai pas le temps de jouer suffisamment avec elle ou que la promenade a été trop courte.
Mais du coup, j'ai mis en place une nouvelle routine : quoi qu'il arrive, quitte à me coucher à 1h du matin, je joue au plumeau avec elle en regardant une série avant d'aller me coucher. Ça lui fait une heure de jeu, et moi une heure pour décompresser. Et quand, pour X ou Y raisons ça ne suffit pas, j'ai acheté un spray dans lequel je mets de l'eau, et que je garde à portée de main au pied de mon lit. Elle n'aime pas l'eau, alors je la préviens deux fois et, si elle recommence, "pshit !". J'ai essayé de jouer avec elle quand elle me réveille, mais j'ai vite constaté que ça ne fait que l'encourager à continuer de me réveiller...
Et ma mère, si jamais elle gronde le chat sans bonne raison, ou trop vivement, celle-ci se retourne sur elle (sans mordre ou griffer, c'est juste de l'intimidation), parce qu'elle sait que ma mère ne lui fait pas totalement confiance, donc elle s'estime être son supérieur hiérarchique
Donc ça règle le problème de ce côté-là, le chat l'a dressée sur ce point.
Et de toute façon, si ma mère avait levé la main que quelque façon que ce soit sur mon chat, je ne l'aurais pas toléré.
En mettant de la distance, votre chat est en train de vous apprendre les bons comportements vis-à-vis d'elle. A vous de lui montrer que vous pouvez apprendre. Mais elle ne vous en veut pas, et si elle est d'un naturel câlin, elle reviendra rapidement vers vous une fois qu'elle sera sûre que vous avez appris la leçon.
Concernant la violence, déjà un bon point c'est que vous en avez conscience. Maintenant, si ça s'est vraiment arrêté à des petites claques sur le derrière sous le coup de la fatigue (chose qui peut arriver à tout le monde, surtout si elle vous réveille souvent), vous pouvez comme moi trouver une autre façon d'exprimer votre énervement, une façon qui ne soit pas violente pour le chat. Il faut aussi réfléchir sur les bêtises qu'elle fait, et trouver des façons de les prévenir (ou demander des conseils là-dessus sur le forum
).
Bref, votre comportement n'est pas figé dans le marbre. Vous pouvez prendre ça comme une opportunité d'apprendre à faire mieux, plutôt que de vous auto-punir en vous blâmant pour votre comportement et en donnant votre chat à quelqu'un d'autre.
Parce que votre comportement n'est pas étrange. Il n'est pas forcément adapté, mais au vu de ce que vous avez vécu, il est
normal. En vous blâmant pour ce comportement, vous ne faites qu'entretenir la culpabilité qui découle d'un vécu traumatique, et continuez le travail des gens qui vous ont fait du mal. Vous continuez de vous enfermer dans la spirale infernale, pour un comportement totalement normal au vu de votre passé.
Alors je ne dis pas que, parce que c'est normal, il faut l'accepter. Non, ça reste un comportement inadapté. Mais parce que c'est normal, il vous faut apprendre à être indulgente envers vous-même, accepter que vous faites et allez faire des erreurs, et plutôt que de vous concentrer sur ces erreurs, vous concentrer sur la recherche d'une façon de ne pas les recommencer ou de les éviter.
Il ne tient qu'à vous de vous prendre en main pour casser la spirale, ou de demander de l'aide pour casser cette spirale.
Si vous n'avez pas de psychologue (oubliez les psychiatres pour tout ce qui est trauma infantile, ils ne sont pas formés pour ça ), je vous conseille d'en trouver un. Si le côté financier pose problème, vous pouvez essayer les CMP (centre médico-psychologique), ils sont pris en charge par la Sécu (il y a parfois de longues listes d'attente, par contre...).
Et si vous en avez un, n'hésitez pas à lui en parler. A moins d'être vraiment à côté de la plaque, il devrait pouvoir travailler ça avec vous.