Je m’appelle Minette, je suis triste, j’ai perdu mon maître.
Un matin, comme tous les matins, je me suis réveillée aux pieds de mon maître et comme d’habitude, je suis allée lui faire un câlin en posant ma patte sur sa joue. Mais ce matin-là, sa joue était glacée, et mon maître n’a pas grogné. Je suis restée des heures lovée dans le creux de son cou en attendant qu’il se réveille. Mais il ne s’est jamais réveillé.
Plus tard, l’aide-ménagère est arrivée, elle m’a prise dans ses bras, en me parlant doucement. Qu’essayait-elle de me dire ? Mon maître était-il mort ?
Puis, la famille est arrivée, tous pleuraient. Et j’ai compris que la situation était grave. Mon petit maître me serrait contre sa poitrine, en suppliant ses parents de m’emmener chez eux pour que je reste avec lui. La réponse fusa : non, pas question, elle ira à la SPA. Mon petit maître plaida en ma faveur avec insistance, mais sans succès. Puis, il proposa que l’on me donne à la dame du dessous, qui me connaissait bien, et il fut autorisé à m’y conduire, il descendit l’étage en pleurs.
La dame du dessous, c’est Mamiecat, une dame âgée qui a l’habitude de me garder quand mon maître doit s’absenter, et là, j’ai bien compris que l’absence serait longue, très longue, que je ne reverrais plus jamais mon maître.
Mamiecat nous a fait entrer, a fait la bise à mon petit maître et m’a longuement caressée en disant « Que ça me déprime de voir ça, mon pauvre Pierrot ! ».
Pierrot est le surnom de mon petit maître, il s’appelle Pierre. C’est un grand jeune homme qui va au lycée, et que j’ai connu quand il était petit. Pierrot a toujours voulu un animal, à lui, mais ses parents, enfin sa mère ne voulait pas, car les animaux, ça fait des dégâts dans un appartement. Alors, c’est son grand-père, qui en a adopté un à la SPA en disant qu’il serait pour Pierrot, et ce fut ainsi que je fis la connaissance de ce vieux monsieur et de son petit-fils. J’avais déjà 2 ans et étais là depuis plusieurs mois désespérant d’être adoptée un jour. J’avais été abandonnée à la SPA et je ne sais plus d’où je venais. Bref, ce jour-là, ce vieux monsieur et son petit-fils m’ont ouvert leur cœur, quel bonheur. C’est ainsi que j’ai passé de longues années avec mon maître chez qui venait très souvent mon petit maître. Tout le monde y trouvait son compte, le vieux monsieur voyait plus souvent son petit-fils, Pierrot avait enfin une chatte et moi j’avais trouvé une très bonne famille. Nos destins étaient liés.
Mais aujourd’hui, mon maître est parti là-haut dans les étoiles, et mon petit maître ne peut pas me garder. Je reste donc chez Mamiecat… pour l’instant. Pierrot a promis de venir me voir souvent, et quand il sera indépendant comme il le dit, il viendra me reprendre. Mamiecat avait de grosses larmes qui coulaient le long de ses joues et répétait « Que ça me déprime de voir ça, mon pauvre Pierrot ! »
Mon petit maître est parti, il m’a laissée là dans les bras de Mamiecat.
J’explore mon nouvel univers, un appartement que je ne connais pas, je suis triste, je suis perdue, j’ai peur ! Que va-t-il m’arriver ?
Mamiecat se montre gentille, elle parle doucement, essaie de me mettre à l’aise, m’a fait voir les gamelles, et la litière. Pour l’instant, je me suis réfugiée sous un meuble du salon. Ce soir j’irai manger et boire quand elle sera couchée.
Me voilà, oui, on me voit mal car je me cache, plus tard peut-être… mais pas maintenant, je suis trop triste, j’ai perdu mon maître !