par Mamiecat » Lundi 26 Janvier 2015 11:12
Le complexe fibrosarcome du chat (ou : « doit-on continuer à vacciner ? ») :
Le fibrosarcome est une tumeur maligne (un cancer, donc) du tissu sous cutané.
Ce sont les « fibroblastes » qui sont les cellules concernées par ce cancer. Ces cellules vont subir des modifications, elles vont devenir tumorales et se multiplier sous la peau.
Le fibrosarcome est une des tumeurs les plus fréquentes chez le chat.
Elle se présente généralement sous la forme d’une boule très dure sous la peau. « Boule » de petite taille au départ, mais qui va rapidement grossir. Cette masse a pour localisation préférentielle la zone dans le cou, entre les épaules, mais on peut aussi la retrouver un peu partout sous la peau du chat.
C’est une tumeur très grave chez le chat, non pas parce qu’elle métastase (c’est très rarement le cas), mais parce que, malgré la chirurgie et le retrait de la masse (qui doit être le plus large possible), le fibrosarcome aura tendance à récidiver localement, sur le site même de la chirurgie. Au bout de quelques jours, quelques semaines, ou quelques mois après la chirurgie, un autre fibrosarcome risque de se développer. On réopère donc le chat… mais la chirurgie ne peut s’envisager éternellement car le tissu cicatriciel post-chirurgie est fragile, et l’endroit devient donc difficile à opérer à la longue.
La masse grandissante risque de faire souffrir le chat car elle peut prendre une ampleur considérable.
On conseille généralement d’associer à la chirurgie d’exérèse de la masse, des séances de radiothérapie du site chirurgicale, comme on sait que c’est une tumeur qui a tendance à récidiver localement.
Cette radiothérapie se fait obligatoirement en centre de cancérologie spécialisé (le chat est placé dans une cage spéciale, « plombée ») car elle consiste en la pose sous anesthésie d’un fils d’iridium radioactif en sous cutané, que l’on laisse en place une semaine.
On étudie encore actuellement d’autres traitements adjuvants à la chirurgie, tels que l'interféron-thérapie.
A quoi sont dus ces fibrosarcomes?
Comme pour tout cancer, on ne sait pas trop pourquoi le fibrosarcome se développera plus particulièrement chez un chat que chez un autre. Tout ce que l’on peut dire avec certitude, c’est qu’il y a des chats plus fragiles, donc plus potentiellement enclins à développer un fibrosarcome que d’autres. Ces chats auraient un déficit de leur immunité au niveau cutané.
Chez ces chats, à chaque fois que la peau est agressée (par une injection, une morsure, une blessure…), le risque de développer un fibrosarcome sur le site de l’agression de la barrière cutanée augmente.
On a souvent incriminé les vaccins dans le développement des fibrosarcomes. Le vaccin rage a d’abord été pointé du doigt, puis le vaccin leucose, puis les adjuvants… On a donc développé des vaccins sans adjuvants, mais la prévalence des fibrosarcomes était toujours aussi importante, alors on a bien dû admettre que ce n’était pas le vaccin en tant que tel, mais toute injection un peu traumatique qui était le facteur déclenchant d’un fibrosarcome sur un chat prédisposé.
Les fibrosarcomes seraient donc plus « post-traumatiques » que « post-vaccinaux ».
C’est à dire, après une injection de vaccin aussi bien qu’une injection de n’importe quoi d’autre (un antibiotique, un anti inflammatoire, un complexe polyvitaminé, une injection hormonale…), après une morsure par un autre chat ou par un chien, après une blessure (piqûre d’insecte, par des végétaux…)…
Pour réduire au maximum le risque de fibrosarcome « sur un site d’injection », votre vétérinaire s’assurera de réaliser des injections les moins traumatiques possibles (éviter que le chat ne bouge lors de l’injection, utiliser des aiguilles fines, changer de site d’injection, homogénéiser les produits à injecter…).
Et alors quoi ? Plus d’injections ?
Bien sûr que si ! Il faut être conscient du bénéfice/risque de chaque injection.
La fréquence du fibrosarcome chez le chat est faible : de l’ordre de 0,003 %. Soit 3 chats sur 100.000. On se rassure donc, c’est peu fréquent !
Et comme on est raisonnable et qu’on sait que le risque de développer un typhus potentiellement mortel ou un coryza, même chez un chat d’intérieur, est bien plus élevé que celui de développer un fibrosarcome, on continue de vacciner les chats ! Bien sûr !
Mais comme on sait que ça existe, on privilégiera toujours un traitement par voie orale qu’un traitement par injection chez le chat, même si c’est plus facile de lui faire une piqûre que de lui administrer le gros comprimé rose par la bouche !
Source : DEVAUCHELLE P, MAGNOL JP. Fibrosarcomes félins
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