par katerine666 » Jeudi 02 Mai 2013 16:01
Ma minette fut une étrange expérience de vie. Dès lors où elle avait avalé cet épillet qui lui avait perforé l'estomac, à 18 mois, son destin était scellé. Déjà pour la faire survivre de cette blessure il a fallut prendre sur soi, elle et moi. Étant vive et intelligente, elle a rapidement compris que je lui venais en aide et tolérait toutes mes manœuvres médicales (comme de faire passer tout un liquide dans le péritoine avec une perfusion de nettoyage et lui compresser l'abdomen pour qu'il ressorte par les points de sutures - ouverture du thorax au pubis - ou encore lui nettoyer un abcès anal en lui injectant par seringue de la betadine et renouveler son drain tous les jours pendant des mois).
Une complicité énorme s'est tissée et chacune a grandit. C'était incompatible avec mes études mais également avec l'option de la laisser mourir. J'ai donc demandé une suspension d'une année au Rectorat. Et puis ça m'a permis de voir les ressources cachées d'un animal, son aptitude à apprendre de l'Homme, de se bonifier dans le temps.
J'ai une très haute opinion de la vie et des engagements que l'on y prend. Les sacrifices, du coup, ça me connait.
Quand tout ça s'est résorbé, je n'ai pas porté assez attention au fait que son estomac n'était plus le même et nécessitait une gestion particulière (ne pas être à jeun du tout, éviter les reflux acides, les poils etc.). Les vétérinaires n'en parlons pas, ils me l'ont rendu pour qu'elle meure chez moi du jour où elle a fait une septicémie sur son estomac perforé, j'ai dû me débrouillée seule et fabriqué mon propre cocktail de tri-thérapie (grâce à mon mari qui était étudiant en pharmacie et qui m'a approvisionné).
Et puis les années sont passées, elle a commencé à vomir au quotidien après avoir fait un bouchage de poils lors de la mue en Avril. J'étais aux USA, en stage, je la faisais garder par une amie qui passait 2x à mon domicile. En rentrant elle avait changé. Le stress de la séparation, la compétition avec son mâle plus gourmand et dominant avait fait qu'elle était resté longtemps à jeun en journée, son estomac s'est mis à être irrité.
En fait elle a vécu toute sa vie avec un cancer de l'estomac, une tumeur sécrétante qu'on a aussi chez l'homme et qui progresse très lentement. Mais tout ça je les découvert qu'en étudiant son cas via la médecine humaine. J'ai fais faire des prélèvements qui montraient une ultra puissante augmentation du taux de sérotonine dans le sang, la valeur x1000 par rapport à la normale. C'était sa tumeur qui les sécrétait. J'ai appris aussi qu'il fallait éviter de palper ce genre de tumeur et du jour où je lui ai fais faire des échographies et irm, son cancer a prit de l'ampleur.
Elle n'est pas morte de son cancer à proprement parlé mais d'une crise de tétanie dû à l'excès de sérotonine. 1h avant de mourir elle s'est raidie comme un bout de bois, les 4 pattes en extension complète, ses poumons ne pouvaient plus se soulever et commençaient à se remplir d'eau, seuls ses yeux pouvaient bouger encore. Là évidemment je me suis empressée de rejoindre l'école d'ALfort pour lui éviter la douleur et l'euthanasier car jusque là elle n'avait rien manifesté sur le plan de la souffrance même si elle était condamnée (et encore que, je cherchais un traitement qui diminue l'excès de sérotonine, il existe mais chaque seringue en humaine vaut 100 euros et il en faut plusieurs par jour).
Au pieds du service des urgences, dans la voiture, je lui ai dis "au revoir" et c'est là qu'elle a décidé de mourir. Elle m'a fait un ronronnement au son de son nom et l'arrêt cardiaque a suivi dans la foulée. Je l'ai embrassé pendant toutes ses convulsions pour la soutenir (en fait ça n'a duré que 10s mais ça parait interminable) et je l'ai remercié d'être morte là et pas sous la main d'un artifice, au milieu d'inconnus dans une structure qui n'était pas chez elle, de m'avoir évité de l'amener dans un contexte où moi même je perdais ces derniers moments précieux, y compris le moment où elle se meure.
Donc pour ta question sur la taille de l'estomac, oui la lumière de son estomac faisait la taille d'une pièce d'un centime, je lui passait de la nourriture exclusivement sous forme liquide. C'était une tumeur qui avait la propriété d'épaissir les parois. Surtout celles où elle avait été sectionnée. Elle est morte à 14 ans, 13 ans après son épillet qui a été la cause de ce cancer.
Je n'ai euthanasié aucun de mes chats, à l'exception d'une femelle cardiaque (hypertension avancée) restée chez ma mère. J'étais à des milliers de km en Indonésie quand ma mère m'a dit qu'elle avait convulsé, se mordait à sang, saignait de la gueule etc, j'ai dû faire une évaluation à distance sachant que ma mère était incapable de manager un post traitement. Sinon tous mes chats sont morts naturellement d'avoir vécu.
Concernant le mâle, oui il pleurait tout le temps et ouvrait toutes les portes à sa recherche. Ce ne sont pas des siamois pour rien.... même s'il m'aimait beaucoup je ne remplaçais pas son congénère disparu. Il s'ennuyait ferme et commençait à développer un stress d'abandon. C'était un chat anxieux que la présence de l'autre femelle rassurait. Du coup, comme il avait 13 ans lui même et un cœur déjà un peu défaillant, il a fait une décompensation. Surtout qu'il a tout perdu en peu de temps. J'ai dû déménager au Luxembourg, il a pas du tout apprécié de perdre ses repères physiques.
Il est mort 6 mois après sa femelle et je pense que c'était mieux pour lui, il ne faisait qu'errer, indifférent à tout et tous. Je l'ai traité durant 3 mois là encore, je l'ai sauvé de 2 arrêts cardiaques et puis au 3ème, j'ai laissé faire, je l'ai laissé se coucher sur le côté, écraser son cœur dans son thorax rempli d'eau au lieu de le retenir. Il était très fatigué et surtout indifférent. Les siamois sont capables de véritables dépressions.
J'ai beaucoup culpabilisé de sa mort car j'avais été très présente pour sa femelle, moins pour lui et je voulais qu'on rattrape le temps perdu. Il n'a pas eu cette chance de profiter enfin de mon exclusivité.
Tout ça c'est la vie en effet et tu as bien de la chance que ton chat cardiaque se tire autant d'affaire. Oui le mien avait une énorme dilatation avec un trou de passage entre les deux valves. Chez l'homme, suite à un très fort stress on peut avoir la même chose, ça porte un nom précis, c'est surtout les japonais qui en sont victimes. Les animaux possèdent tout le panel de nos pathologies mais les vétérinaires ne perdent pas de temps avec ce type de problèmes trop couteux à gérer pour les propriétaires. Ils proposent donc souvent l'euthanasie pour se faire encore un peu d'argent sur la tête l'animal.
On m'a proposé l'euthanasie pour ma femelle très tôt après le diagnostic ainsi que pour mon mâle qui pourtant ne souffrait pas lui physiquement parlant.
Je n'ai même pas remis les corps décédés chez le véto pour payer au poids mon animal et qu'il se retrouve dans un congélo commun. Je suis allée directement dans un crématorium par mes propres moyens.
Et puis je vais arrêter de raconter mon histoire si triste^^, chacun a expérimenter ce type de perte.