Ma petite fille, mon petit chat fou, ma princesse... Elle est partie il y a une dizaine de jours maintenant, suite à une anémie auto-immune, et une dégradation rapide de son état en une semaine
Passé le choc des premiers jours, et le relatif "réconfort" de savoir qu'elle ne souffrait plus, la douleur m'est revenue de plein fouet dans la figure il y a une semaine. Comment accepter son absence, elle qui était là à mes côtés du moment où je me levais à celui où je me couchais ? Comment gérer ce vide, cette impression qu'une partie de moi s'en est allée aussi ? Comment faites-vous, comment avez-vous fait ?
Elle me manque terriblement. Je suis envahie par la tristesse, et par une immense culpabilité. A-t-elle compris que j'envisageais ce long voyage d'ici un an et qu'il faudrait qu'elle reste ici avec ses petits copains sous la bonne garde affectueuse de mes parents ? A-t-elle compris que cette idée de la laisser seule était une immense source d'angoisse pour moi? Est-ce que nous n'aurions pas pu la sauver si le vétérinaire de garde avait bien voulu faire une prise de sang et avait décelé le problème deux jours plus tôt ? N'aurait-elle pas préféré partir de façon naturelle ? Elle était déjà dans le coma mais je ne sais pas si c'était la bonne chose à faire... Elle avait du mal à respirer...Je voulais absolument l'enterrer dans le jardin, et complètement hébétée par la décision de l'euthanasie, je n'ai pas pensé à manifester le souhait de la récupérer ensuite
j'ai l'impression d'avoir été indigne d'elle
Les nuits sont un cauchemar. Je rêve qu'elle me revient, qu'elle a survécu mais qu'on ne me l'a pas dit, qu'elle vient me montrer que tout va bien... Dans un demi-sommeil de réveil, j'ai même cru la voir lovée contre moi, avec ses grandes oreilles pointues, en train de dormir, avant de réaliser que c'était impossible et que je venais d'halluciner. La douleur est encore plus vive ensuite. Est-ce qu'elle savait à quel point je l'aimais? A quel point son arrivée imprévue dans ma vie a bouleversé le cours de celle-ci ? A quel point elle a pu m'apprendre sur moi-même en deux petites années ? A quel point sa présence et la perspective de la retrouver en rentrant chez moi suffisait à me donner le sourire ?
Je ne sais pas si c'est le fait de l'avoir recueillie particulièrement tôt ( elle était abandonnée et avait 5 semaines ), ou si c'est parce qu'on était vouées à se comprendre, mais je crois que c'était l'être vivant avec qui la communication, même non verbale, était la plus aisée pour moi. Elle avait très bien compris comment faire passer ses messages par ses différentes tonalités de miaulements, son attitude, son langage corporel, et elle comprenait très bien ce que je voulais aussi ( et n'hésitait pas à contester quand elle n'était pas d'accord, ce qui donnait lieu à de sacrés discussions humain-chat ! Mais j'étais plus têtue qu'elle ! ).
Elle avait un caractère assez timide ou sauvage avec les autres, c'est bien simple, elle trouvait toujours quelque chose à aller faire quand quelqu'un voulait la caresser. Par contre, elle se rendait toujours disponible pour moi.
J'étais toute entière dévouée à son bien être et à son écoute, et elle me le rendait bien. Elle venait dès que je l'appelais, m'accordait toute son attention dès que je lui parlais, peu importe ce qu'elle faisait, et me miaulait en retour quand je m'adressais à elle. Elle se levait pour faire un câlin dès que je commençais à la caresser et me tendait sa petite tête quand je me penchais pour lui faire un bisou. Elle me suivait partout, jusque dans la salle de bain où elle prenait place en attendant sur une petite chaise ou dans la baignoire elle-même si celle-ci n'était pas occupée ! Le soir elle attendait mon retour sur le mur, toujours fidèle au rendez-vous. Le matin, elle venait doucement vérifier si j'étais réveillée, avec un tout petit miaulement, si je me manifestais, elle venait me saluer en ronronnant, si je ne bougeais pas, elle repartait et revenait tenter sa chance 20mn plus tard ( une vraie horloge ).
Elle était un véritable miroir. Elle n'allait pas bien quand je n'allais pas bien, elle était aussi nerveuse et stressée que moi, et on se ressemblait beaucoup au niveau du caractère.
J'aimais cette relation que nous avions, d'égal à égal si je puis dire. J'aurai souhaité qu'elle vive une longue vie, qu'elle puisse profiter amplement de sa toute nouvelle liberté avec le jardin ( nous avions déménagé chez mes parents depuis 6 mois, avant, nous étions en appartement ), qu'elle puisse se prélasser encore et encore au soleil, et chasser comme elle aimait le faire. Vous l'aurez compris, c'était une chatounette merveilleuse et attachante
2 ans c'était bien trop jeune.
Elle devait vivre une longue vie heureuse, elle le méritait... C'est injuste pour elle.
C'est difficile de vivre sans elle et de continuer ma route. Cela fait des années que je ne me suis pas sentie aussi triste et abattue. Et surtout, à qui en parler ? Qui peut comprendre dans mon entourage le lien si fort et si spécial qui m'unissait à elle ? Qui peut comprendre à quel point je me sens dévastée, à quel point je n'arrive pas à avancer ?