par Esperance » Vendredi 20 Janvier 2023 23:43
Voilà une semaine et un jour que ma puce s'est éteinte.
Je viens de relire ce sujet et si j'écris un message pour le compléter ce n'est pas pour faire du ressassage mais parce qu'il me semble important de préciser quelques points. Ils pourraient être utiles à de futurs lecteurs se trouvant dans une situation similaire.
J'ai passé une semaine à faire le point, à relire des articles que j'avais lu avant et à lire de nombreux témoignages de personnes ayant vécu cette bataille contre l'IRC, ainsi que la phase finale.
Voici ma conclusion.
Ce qui a hâté la fin de vie de Vodka sont : mon épuisement, mon affolement, mon pessimisme, la morphine qui lui a été prescrite et ce que j'ai ressenti comme un abandon des vétos à partir du moment où j'ai dit que je ne voulais plus faire de visites de contrôles rapprochées pour raisons financières.
C'est plus facile à dire qu'à faire mais j'aurais dû prendre soin de moi pour pouvoir mieux gérer la situation. En me morfondant d'inquiétude, j'ai mal dormi, mal mangé et j'ai perdu ma belle énergie. Récupérer Vodka dans un état lamentable le 19 décembre après l'hospitalisation a eu un effet délétère sur ma gestion de la maladie de ma puce. Par état lamentable, je ne parle pas d'état de santé. C'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de l'inquiétude liée à la hausse de ses taux.
L'affolement est lié à cette obsession que les vétos vous mettent dans la tête à propos du chat IRC qui doit manger. On a l'impression qu'une journée ou deux en mangeant peu relève de la catastrophe nationale.
Au lieu de me réjouir que Vodka recommence à manger progressivement jusqu'à 100 grammes de pâtée entre son retour d'hospitalisation et le 6 janvier (jour où je me suis aperçu que le bas de sa patte était enflé), j'étais focalisée sur "faut qu'elle mange plus. Comme avant". Elle pesait 3,9 kg et avait de la marge. J'ai lu beaucoup de témoignages à propos de chats IRC qui sont descendus bien plus que ça (de 6kg à 3kg). J'en ai lu d'autres ou des chats ont eu des baisses d'appétit drastiques pendant plus jours puis on recommencé à manger, se relançant ainsi pour quelque temps.
Le 6 janvier, elle était vive, alerte, heureuse d'arriver dans la cuisine pour manger avec les deux autres. Même si c'était moins qu'avant son hospitalisation.
Mon deuxième affolement a été lié au fait que sa patte avait enflé. J'ai vu ça comme une catastrophe parce qu'on lit en long, en large, et en travers, que les infections peuvent aggraver l'état d'un chat IRC. A cela s'est rajouté le fait qu'elle avait été sous antibiotique à la sortie d'hospitalisation, puis que le traitement avait été arrêté au bout d'une semaine, et j'ai extrapolé tout de suite au pire : risque de résistance, infection qui s'aggrave, etc.
Elle n'avait pas de fièvre, ce n'était pas rouge, ce n'était pas chaud, quand je l'ai emmenée pour faire voir sa patte. Au lieu de me rassurer, le jeune véto n'a fait que m'angoisser un peu plus en me montrant qu'il n'en savait pas plus que moi. Comme il n'y avait pas de signe de gravité à part ce gonflement qui restait quand même modéré, il aurait pu au moins me dire quels seraient les signes si ça s'aggravait malgré les antibiotiques. En gros, si le bas de la patte reste juste enflée encore pendant quelques jours même après le début de la prise d'antibiotique mais que l'était général est bon, il n'y aura pas de quoi s'affoler. Le vétérinaire avait appuyé sur l'enflure, il avait fait marché Vodka et avait conclu qu'il n'y avait pas de douleur importante.
Troisième affolement, toujours lié à l'état d'épuisement et aux évènements qui s'enchainent, et qui n'étaient pourtant pas catastrophiques à ce stade : Vodka avait du mal à trouver une position pour dormir avec sa patte enflée. J'étais en état de surprotection et manquais de recul. Quand j'ai téléphoné à la clinique pour demander ce que je pourrais lui donner pour la douleur, j'estime que l'assistante vétérinaire a fait une erreur en me proposant un antidouleur opiacé. Erreur confirmée par la vétérinaire qui est venue pratiquer l'euthanasie plus tard. Et j'ai moi aussi fait une erreur en lui administrant cela avant de demander ce que c'était. J'avais confiance en eux.
L'antidouleur a transformé une chatte qui recommençait à vivre sa vie, en une chatte somnolente et ne léchant plus que la sauce des bouchées (le samedi et dimanche). Donc le lundi, re affolement et retour à la clinique parce que je pensais que c'était l'infection qui s'aggravait. Toujours pas de fièvre, toujours pas de rougeur, toujours pas de zone chaude. Et au lieu de me dire qu'il fallait plus de 48 heures de prise d'antibiotique pour voir un effet (ce que je sais normalement), une autre véto lui a collé un autre antibiotique et a augmenté la dose d'opiacé. J'estime que ces jeunes vétos n'ont pas été professionnels et n'ont pas su tenir leur rôle face à une cliente épuisée et dans la sur réaction. Elle ne savait pas ce que c'était et m'a parlé d'une infection osseuse comme d'une hypothèse, sans en savoir plus, sans avoir fait de radio. Elle m'a plongé dans un pessimisme noir. Pire ! Elle m'a plongée dans le défaitisme absolu. Du coup, quand j'ai demandé combien de temps il fallait pour savoir si le nouvel antibiotique fonctionnerait et qu'elle m'a répondu "jeudi", j'y ai vu un couperet.
La dégradation de l'état de Vodka les quatre jours suivants était liée à l'abrutissement à cause de l'opiacé et non pas l'IRC ou sa patte gonflée. La vétérinaire qui a pratiqué l'euthanasie a dit que ce genre d'antidouleur ne devait pas être donné à un animal affaibli car ça les affaiblit encore plus, et elle aussi dit que sa patte était moins enflée. Vodka n'avait pas de protéine dans les urines, ses taux de créatinine et de phosphore avaient baissé, elle n'a jamais eu d'hypertension et son pourcentage d'hématocrites était revenu dans la normale. Elle n'aurait peut-être pas vécu encore des mois, mais comme la véto à domicile l'a suggéré, peut-être des jours ou des semaines. Avec mon fils, nous n'avons pas été capables à ce moment-là de faire marche arrière car c'est tout simplement extrêmement difficile de le faire quand vous êtes arrivés à ce stade. Vous êtes dans un tel état de dévastation que tout espoir a été tué. Et si nous étions dans un tel état c'est, je le répète, parce que Vodka totalement shootée par l'antidouleur ne mangeait plus depuis trois jours, tenait à peine debout le matin même pour boire à sa gamelle, et avait uriné sous elle pendant deux jours parce que j'avais mis des alèses jetables en pensant bien faire. Tout ça a un impact terrible sur la perception des évènements.
Rajoutons à cela que l'attitude des vétos de la Grande Clinique qui m'ont donné l'impression que le sort de Vodka ne les intéressait plus vraiment à partir du moment où j'ai annulé un rendez-vous de contrôle parce que cela représentait trop de dépenses sur le même mois. Ou alors ils tentaient de limiter les frais.
De ce que j'ai ressenti également, c'est que le vétérinaire de la Petite Clinique avait déjà scellé le sort de ma petite Vodka avant même l'avoir vue. Juste en ayant lu son dossier transmis par la grande clinique.
Il m'a dit qu'elle était anémiée. J'ai répondu que son pourcentage d'hématocrite était remonté à 25 et que la véto qui l'avait vu avant m'avait dit que c'était dans la normale. Il ma répondu que ce n'était pas dans la normale. Aujourd'hui j'ai vérifié. Le taux d'hématocrites chez le chat doit se situer entre 24 et 45%. Donc Vodka était en limite basse, mais elle était dans la fourchette. Et si sa baisse précédente était due à la perte de sang lors de l'arrachage de la perfusion (et ne parlons pas des 4 prises de sang entre le 16 décembre et 9 janvier), alors c'est un taux qui pouvait peut-être remonter. En tous cas, à ce stade, aucun examen n'avait mis en évidence que ça puisse être une aggravation de sa maladie rénale.
Quand ce véto l'a pesée, j'ai vu qu'il a été surpris car son poids était somme toute correct. J'ai précisé que j'avais fait une petite perf le matin.
Quand j'ai discuté avec la vétérinaire qui suivait ma puce depuis le mois d'avril 2022, je lui ai dit que je voulais limiter maintenant les frais car l'un dans l'autre ça me revenait à 150 euros par mois. Elle a dit : "150 euros par mois pour un chat." avec une petite moue. Ca m'a tellement saisie que je n'ai pas eu le réflexe de répondre "150 euros pour MA chatte Vodka." J'ai dépensé plus de 2000 euros dans cette clinique pour Vodka et elle me sort ça.
Je pense qu'ils ont dû écrire quelque chose dans son dossier. Genre ne pas faire d'acharnement car moyens limités ou quelque chose dans ce goût-là.
Sauf que nous n'étions pas sur l'IRC avec les dernières visites.
Le fait que ces taux de créatinine et de phosphore n'aient pas baissés avec la dernière intraveineuse a sûrement joué un rôle également. Personne ne s'est réjouit et a trouvé encourageant qu'ils aient baissé significativement entre le 19 décembre et le 9 janvier.
Je ne sais pas quand aurait été la fin de vie de Vodka sans tout ça. Mais s'il y a une chose sûre c'est que ce n'est pas l'IRC qui nous a menés à prendre la décision que nous avons prise le 12 janvier.
Si j'ai écrit tout ça aujourd'hui c'est pour que vous puissiez avoir en tête à quel point il est important de vous ménager pour avoir les idées claires.
Même si c'est difficile quand on est inquiet ou même angoissé, lorsque vous accompagnez votre animal dans de telles maladies, prenez soin de vous. Mieux vous prendrez soin de vous et mieux vous pourrez prendre soin de votre boule de poils.
Prendre soin de soi ça veut dire : manger (même si vous n'avez pas faim), vous reposer, ne pas vous torturer quand vous n'êtes pas auprès de votre chat. Et profitez des moments positifs. Les absorber. S'en nourrir pour reprendre des forces.
Tentez toujours au maximum de garder du recul.
Repoussez l'affolement. N'extrapolez pas. Ça ne veut pas qu'il faut se mentir quand l'état s'aggrave vraiment, mais qu'il ne faut pas dramatiser une situation qui n'est pas encore dramatique.
Tant que votre chat mange (même si c'est moins qu'avant), se lève, fait sa toilette, ne reste pas prostré dans un coin, qu'il accueille les caresses avec plaisir, alors ça veut dire qu'il n'est pas perclus de douleur ou à l'article de la mort
Les taux et compagnie c'est une chose, mais c'est l'état général de votre chat qui vous dit comment il se sent.
Notez les différentes informations concernant le suivi de votre boule de poils.
Ne vous noyez pas dans les détails. L'important est que vous ayez sous la main les informations principales. Notez également les moments où ça allait moins fort. Une ligne "baisse d'appétit " avec les dates où c'est arrivé vous aidera peut-être rationaliser un nouvel épisode du même type si le problème s'est résolu de lui-même en deux jours ou trois.
Une grande partie des vétérinaires sont focalisés sur les taux. Les taux. Les taux.
Votre chat n'est pas un taux de créatinine ou un taux d'urée. Soyez attentifs à son état, mais ne prenez pas de décisions précipitées si vous voyez encore un chat en regardant votre boule de poils.
Essayez de trouver une clinique vétérinaire où on n’est pas obsédé avec l'alimentation rénale.
Quand j'ai été chercher quelque chose pour tenter de faire manger Vodka la veille de son départ, et que j'ai demandé quelque chose de très nutritif parce qu'elle était en train de dépérir, l'assistante vétérinaire m'a répondu "mais on ne peut pas donner ce genre de pâtée à un chat avec une infection rénale !". Le niveau de conditionnement de ces gens là est ahurissant.
Et surtout, faites attention aux antidouleurs à base de morphine lorsque qu'il y a un état de faiblesse.
Et je vais me permettre de rajouter ceci. N'en prenez pas ombrage, ce n'est qu'un conseil venant que quelqu'un qui s'est épuisé, a paniqué, et a baissé les bras alors que ça n'était pas encore le moment de le faire.
Le problème avec cette maladie c'est que tous ceux qui ont accompagné un chat IRC savent qu'il n'y aura pas de happy end et ça peut déteindre sur la manière dont nous recevons les messages et percevons les évènements relatés.
Alors quand vous êtes sur un forum et que vous répondez à des messages de personnes qui traversent des situations de crise, veillez à retenir les éléments positifs et à les mettre en avant. Posez les questions qui pourront éclairer sur le réel état général de l'animal. Aidez à prendre le recul nécessaire sans vous impliquer émotionnellement. Rappelez à la personne qu'elle doit prendre soin d'elle.
Ce n'est pas facile quand on a soi-même connu les étapes qui mènent à la perte de son chat, mais j'aurais aimé que quelqu'un sache m'accompagner ainsi. Sache me dire de m'arrêter et de respirer un grand coup.
Je vous remercie d'avoir été là pour me soutenir pendant ces trois semaines difficiles.