Parnelle maman, Mère Courage
Première partie
nous avons eu Parnelle quand elle avait deux mois à peine, jusqu'à l'âge de 6 ou 7 mois, elle s'est avérée être une mimine joueuse, hardie, curieuse et très portée sur les câlins. Venir dormir avec nous sur le lit lui prit à peine une demi-nuit de miaous épleurés
Elle avait déjà de la personnalité et son premier véto, qui eut droit à une bonne morsure entre le pouce et l'index, là où ça fait bien mal, ne manqua pas de s'exclamer "oh! mais on a son petit caractère, hein?".
Quand ses premières chaleurs arrivèrent, son côté sauvage s'exprima avec force, à tel point qu'on s'est demandé alors si elle allait rester avec nous ou devenir une chatte à moitié haret. Au cours de l'automne 96, il se passa plusieurs semaines où on ne la voyait que quelques minutes dans la journée: elle passait en coup de vent, pas de câlins, à peine miaou pour dire bonjour et hop dehors à nouveau. Elle a même découché plusieurs nuits, je la retrouvais le matin en train de dormir dans la haie alors que la porte était entr'ouverte de jour comme de nuit pour qu'elle rentre quand ça lui plaisait.
Quand elle restait dans l'entrebaillement de la porte (comme aiment si bien le faire beaucoup de chats), je râlais "alors, tu te décides, oui?" et pour toute réponse Parnelle me feulait dessus ! Pire encore, elle nous faisait des infidélités, plusieurs fois elle est revenue d'expéditions de cinq ou six heures et sa tête sentait le parfum! Elle testait les crémeries du coin, voir si c'était meilleur côté bouffe et côté caresses. Je me rappelle avoir dit à ma femme "tu vois, cette chatte, si elle ne revient pas ici, eh bien, tant pis ma foi"... on verrait bien, elle vivait sa vie de chat et on s'en contentait malgré son comportement.
Avec l'hiver, les choses se calmèrent un peu et puis surtout, à la fin de l'hiver, il devint évident que Madame avait trouvé un mâle et elle passa les premiers mois du printemps 97 tranquillement à la maison, plus douce et plus câline. Elle semblait avoir décidé de faire ses petits dans notre foyer et considérait qu'on était des maîtres finalement plutôt fréquentables. Fin avril, elle était pleine à éclater. On se disait qu'une toute petite minette comme elle donnerait naissance à deux, voire trois chatons maximum...
C'est arrivé un samedi matin. La veille, elle avait tourné en rond et exploré, fouillé partout dans la maison. J'étais parti faire des courses et elle a attendu qu'on soit là tous les deux. J'étais revenu peu avant midi et à peine dix minutes après mon retour, plif-plouf, les eaux, sur le dallage, devant la cheminée. Elle regarda l'air complétement affolé, se tourna vers nous et fit ce petit miaou tout plein d'étonnement et d'appréhension que je distingue encore.
Rapidement, j'ai installé deux linges propres devant la cheminée et son labeur a commencé. C'était très touchant, elle nous regardait en ronronnant et en clignant doucement des yeux. Elle a tendu une patte, j'ai approché ma main et avec ses griffes elle l'a saisie doucement, maintenant cette petite étreinte pendant un long moment. Un chaton, un beau marbré puis quelques minutes après un deuxième, un rouquin, peu après, le troisième, un gros chaton gris tigré. C'était fini? Non! Ma femme partit faire une course à son tour et vingt minutes plus tard, en son absence, Parnelle libéra une petite tigrée sombre, toute minus. Quatre, rien que ça, pour une minoune qui à l'âge adulte n'a jamais dépassé les 3000 grammes, c'était impressionnant.
Je lui ai installé une grande couche avec plein de petites couvertures dans mon petit bureau, de l'autre côté de l'insert à double face. Parnelle a materné avec assiduité, s'accordant de très brèves sorties juste pour ses besoins car j'avais placé ses gamelles tout près de son p'tit nid. On se penchait au-dessus d'elle et c'était un spectacle très amusant, on lui disait qu'elle était très belle et qu'elle était une super maman, alors, très fière, elle s'étirait de tout son long "écrasant" sous elle les petits qui du coup se mettaient à couiner.
Puis vint un drame terrible. C'était début juin, les petits devaient avoir un mois et se portaient bien. Parnelle sortait un peu plus longtemps. Un matin, le 4 exactement, au retour d'une excursion d'une heure à peine, elle alla se coucher dans l'herbe à un mètre de ma femme qui travaillait au jardin. "Viens voir Parnelle..." je sentis l'inquiétude dans sa voix. La chatte était allongée, comme prostrée, elle semblait éprouver des difficultés à respirer. Je la pris doucement dans mes bras et l'amenai à l'intérieur, sur notre lit. Là, dans le silence de la pièce, je pouvais entendre sa respiration qui sifflait, je voyais ses flancs qui palpitaient à un rythme tout à fait inhabituel. Je me souviens très bien de ce jour, de ce moment prècis, je me suis effondré, à genoux en disant "on va la perdre". Je venais de réaliser que déjà, j'y tenais énormément.
Ma femme appela la clinique où on avait amené la Puce une fois pour un problème à l'oreille en précisant que c'était très urgent. Ils étaient débordés et ne pouvaient pas la prendre avant plusieurs heures. On a alors contacté une autre clinique qui devait rester celle de Parnelle pour le reste de sa vie...
Parnelle, ma princesse aux yeux verts. Je t'ai tant aimée, je t'aimerai toujours.
Réglisse, mon adorable petit criquet, je t'aime à tout jamais...