Ce devrait être un beau jour mais ça ne l’est pas…
Le 9 juillet 2011, la petite Pushka, rebaptisée Réglisse, arrivait chez nous. Son destin aurait dû être de vivre une longue vie à nos côtés en étant de plus en plus choyée au fur et à mesure qu’elle grandissait, hélas… un jour et par ma faute elle s’en est allée.
Nous venions de perdre Parnelle et il nous fallait un chat, besoin pressant, besoin vital. C’est cette photo qui nous a décidés.
Je me souviens de son arrivée, après un trajet ponctué de nombreux miaous suraigus, la minette avait bravement exploré chaque recoin de son nouveau domaine. J’étais content et soulagé qu’elle soit là et en même temps confus, presque gêné de la voir occuper l’espace qui si peu de temps auparavant était celui de Parnelle.
Pendant les longs mois qui ont suivi, Réglisse a été mon « chat thérapeutique », à peine sevrée, elle passait une partie de la nuit blottie sur mon dos : pédaler, dormir, me téter les cheveux… Longtemps, trop longtemps, elle n’a été qu’une petite chatte avec laquelle je jouais, que je caressais et nourrissais mais –et c’était une espèce de décision, de plan absurde- je me refusais à voir en elle autre chose qu’un chat… comme je le regrette aujourd’hui car la période pendant laquelle je l’ai pleinement adorée a été finalement si courte, le temps d’un printemps et d’un été 2013 où je me suis rapproché d’elle intensément. Comme c’est injuste aussi car elle m’a aimé à fond immédiatement sans aucune retenue, usant de mille stratagèmes (bêtises et clignement des yeux…) pour capter mon attention.
Que personne ne le prenne mal, le chagrin est le chagrin, mais j’envie ceux et celles qui ont pu accompagner leur chat malade et vieillissant jusqu’au bout du chemin. Réglisse n’avait même pas deux ans et demi quand elle est partie, je n’ai même pas eu la chance de lui dire au revoir.
Quand parfois je discute chat avec des gens qui aiment vraiment les chats (une minorité dans une marée insondable d’abrutis), j’ai bien du mal à parler de la perte de Réglisse. On me demande le comment et le pourquoi de sa fin et tout le monde s’attend à un récit d’accident ou de maladie… non, c’est moi qui ai provoqué sa fin, c’est moi qui l’ai tuée.
Je me repasse dix fois, cent fois, mille fois le film de cette nuit où elle était si agitée, en souffrance, cette succession de pensées confuses, de mauvaises analyses qui m’ont conduit à estimer que des puces la torturaient et à prendre finalement une décision d’une rare inconscience et d’une totale imprudence, en vaporisant sur elle un insecticide ménager. J’étais à l’époque bien fatigué, épuisé même, c’est ma seule « excuse » ou plutôt « circonstance atténuante » devrais-je dire.
Il n’y a pas eu de deuil en fait, comme ça a été le cas pour Parnelle. Chaque fois que je la pleure, la tristesse est vite vaincue par de la colère voire de la honte, contre moi-même. Réglisse avait tout pour vivre longtemps, elle était en forme et pleine de vie…
Je ne l’aurais vue telle qu’elle était dans toute sa splendeur (si on apprécie les écailles-de-tortue, elle en était une superbe représentante) et toute son originalité (facéties, pitreries et attitudes d’une grande originalité) que quelques mois, à peine un an…
Quel épouvantable gâchis. Elle devrait être là et ce jour devrait être un beau jour, il ne l’est pas…
Parnelle, ma princesse aux yeux verts. Je t'ai tant aimée, je t'aimerai toujours.
Réglisse, mon adorable petit criquet, je t'aime à tout jamais...